Richard Wurmbrand

Entraide fraternelle des églises

Chers amis et bienfaiteurs,
La Mission d’Aide aux Églises Martyres (Entraide fraternelle des Églises) est présente au Canada depuis 1987. Elle est née dans une prison roumaine au temps de la dictature des sans-Dieu. Le fondateur – le pasteur Richard Wurmbrand, incarcéré pendant 14 ans à cause de ses activités religieuses, a été racheté pour 10,000 dollars payés comptant au dictateur athée de l’époque. Nous apportons soutien et secours en faveur des Chrétiens opprimés ou désavantagés.

Responsable : Rev. Radu Roscanu

 

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27.8.08

Être Chrétien, c'est un Combat Spirituel

Être Chrétien, c'est un Combat Spirituel.

L'Incarnation de Dieu est décrite dans l'Évangile comme Emmanuel, c'est à dire Dieu avec nous. C'est là l'essence même de la révélation divine. Dans la théologie chrétienne la révélation de Dieu c'est précisément être avec l'homme, révéler Son amour envers Sa créature, engager le dialogue avec elle. Ce n'est pas là une relation ordinaire mais un dialogue entre le Père et le Fils.

L'Incarnation est effectivement Dieu-avec-l'homme, afin de ré humaniser l'homme et de rétablir en lui l'imago Dei. L'épiphanie est l'humanisation de Dieu et la divinisation de l'homme, un thème favori des Pères Orthodoxes de l'Église. Elle est donc non seulement un événement précis, limité dans le temps mais une réalité continue. L'Incarnation de Dieu est une invitation à être avec Dieu qui a voulu être en Christ avec nous. Être chrétien c'est donc être avec Dieu. Quelle grâce divine! Quelle vocation sacrée !

Être chrétien c'est être en dialogue avec Dieu.

Par Son initiative Dieu est engagé en dialogue avec l'homme. La Bible est l'histoire de ce dialogue divino humain. Or la question qui s'impose au chrétien qui croit en Jésus Christ est la suivante : est-il en dialogue avec Dieu ? Accepte-t-il Dieu comme partenaire de dialogue dans ses pensées, ses actions et sa manière de vivre ? Le monologue constitue la fin de l'homme car, sans cette dimension transcendante qu'est le dialogue spirituel avec Dieu, l'humanité perd sa particularité, sa raison d'être. Est-ce que nous sommes en dialogue avec Dieu dans notre vie quotidienne si dominée par les "dieux" du monde ?

Être chrétien c'est avoir Dieu comme centre de notre vie.

Dieu en Jésus Christ est entré dans la vie humaine dans toutes ses dimensions et dans toutes ses manifestations. Le Christ est devenu la vie même de l'homme. La vie est don de Dieu. Par conséquent la vie du chrétien doit être théocentrique. Dieu doit être la source, le fondement d'une vie qui prétend être chrétienne. Dieu en Jésus Christ doit constituer le centre de gravité, l'Alpha et l'Omega de la vie humaine. Est-ce que le Christ est au centre de notre vie ? Est-ce que nos pensées et nos actions émanent de ce centre ?

Être chrétien c'est considérer Jésus Christ comme la voie de notre vie.

Dans le monde d'aujourd'hui le chrétien se trouve au carrefour de nombreuses voies. La question qui se pose est de savoir quelle est celle où il doit s'engager. Jésus Christ a bien dit: "Je suis la voie" (Jean 14:6). Par Sa vie et Sa mission Il a indiqué de manière visible et concrète la voie qui mène l'humanité aux valeurs du Royaume, à Dieu. Est-ce que nous acceptons Jésus Christ comme la voie de notre vie? Est-ce que nous suivons fidèlement cette voie ?

Être chrétien c'est confesser Jésus Christ comme la vérité de notre vie.

Dans la vie quotidienne nous sommes confrontés à des vérités si attrayantes mais corruptrices. Quelle est notre vérité réelle, authentique ? Souvenons-nous toujours que notre Seigneur s'est défini comme la Vérité du monde (Jean 14:6). Est-ce que nous croyons en Christ comme l'unique Vérité, le Credo de notre vie? Est-ce que nous vivons cette vérité et ses impératifs dans notre vie envahie par tant de " vérités " ?

Être chrétien c'est lutter pour les libertés.

Dieu a créé l'homme afin qu'il réalise son humanité librement, Jésus Christ a défini sa mission comme étant de " renvoyer libres les opprimés " (Luc, 4:19). La liberté est donc un don divin ; elle est intégrale à la création et à la vocation de l'homme. L'homme ne peut vivre dignement et authentiquement sa propre vie sans liberté. Est-ce que nous œuvrons pour recouvrer notre liberté et la liberté des autres ? Est-ce que nous traduisons notre liberté en une source de responsabilité, de dignité, de créativité et de progrès ?

Être chrétien c'est combattre l'injustice.

C'est ce qu'a fait Jésus Christ. Il n'a pas seulement condamné l'injustice, rejetant l'ordre, les relations et les situations injustes. Il a lutté pour la justice en combattant l'injustice. Le but de l'Incarnation divine était précisément l'établissement de la justice. Jésus a dit: " Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés " (Mat. 5:6) et " Le Royaume de Dieu est à ceux qui sont persécutés pour la justice " (Mat. 5:10). Les hymnes sacrées de l'Église Arménienne présentent le Christ comme " Champion de la Justice ". Faire justice et œuvrer pour la justice doivent donc être au cœur de l'engagement chrétien. Est-ce que nous sommes conscients de cette responsabilité dans notre société déchirée et divisée par tant d'injustices, visibles et invisibles? Est-ce que nous sommes sérieusement engagés pour un ordre mondial basé sur les principes de justice ?

Être chrétien c'est faire la paix.

L'Incarnation du Fils de Dieu est annoncée par les anges comme la venue de la paix sur terre. Le nom de Dieu est paix. La paix de Dieu c'est la paix fondée sur la justice, sur le respect de la dignité et les droits humains, sur les valeurs morales et spirituelles. Le Christ a dit: " Ceux qui luttent pour la paix ils seront appelés fils de Dieu " (Mat. 5:9). Œuvrer pour la paix c'est faire justice tout comme faire justice c'est l'unique voie vers la paix. C'est ce qu'enseigne l'Évangile. Est-ce que nous luttons activement pour une paix fondée sur la justice? Est-ce que la voie de la paix, si complexe et si dangereuse, est la voie de notre vie et la direction de notre action ?

Être chrétien c'est travailler pour la réconciliation.

Dieu en Jésus Christ a bien réconcilié l'homme avec Lui. Être en Dieu c'est être réconcilié non seulement avec Dieu mais aussi avec les hommes. L'Incarnation de Dieu est une invitation à la réconciliation entre tous les hommes. Pour un chrétien ceci n'est pas une prescription ordinaire. C'est l'essence même du Christianisme et le fondement de la foi chrétienne. C'est la base de l'action chrétienne.

Être chrétien c'est donc un combat, un combat spirituel, un combat continu, un combat acharné contre toutes les structures et systèmes, idéologies et pratiques qui génèrent l'injustice, la violence et le mal. C'est un combat pour les droits de l'homme, pour la dignité humaine, pour la paix en justice et pour la réconciliation.

L'Évangile n'admet pas l'isolement et le monologue. Il est tout à la fois un défi et une invitation à l'engagement, au dialogue et au combat pour une qualité de vie soutenue par les valeurs morales.

Être chrétien, c'est vivre l'Évangile dans cette vision.

Aram Ier
Catholicos de Cilicie

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22.8.08

La paix viendra

Si tu crois qu'un sourire est plus fort qu'une arme...
Si tu crois que ce qui rassemble les personnes
est plus important que ce qui les divise...
Si tu peux écouter le malheureux qui te fait perdre du temps
et lui garder ton sourire...

Si tu sais accepter la critique et en faire ton profit
sans la renvoyer et sans te défendre...
Si tu peux te réjouir de la joie de ton voisin...
Si l'injustice qui frappe les autres te révolte autant
que celle que tu subis...

Si tu crois qu'un pardon va plus loin que la vengeance...
Si tu sais donner gratuitement de ton temps...
Si pour toi l'étranger que tu rencontres est un frère...
Si tu partages ton pain et que tu sais y joindre
un morceau de ton coeur...

Si tu sais préférer l'espérance au soupçon et
si le regard d'un enfant parvient encore
à désarmer ton coeur...

Si tu crois que l'amour est la seule force de discussion...
Alors, la paix viendra...

Auteur inconnu

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18.8.08

Sur la montagne, le sermon

Jésus en « voyant la foule », monte sur la montagne. Il s’assied. Les disciples « se sont approchés de lui ». Il désire, pour un temps, se soustraire à la foule et être avec le siens. Il leur parle. Mais, peu à peu, la foule rejoint le Maître. « La foule fut frappée da sa doctrine ».

Ces hommes, ces femmes ont cherché et trouvé Jésus. Ils sont arrivés, un à un, ou par petits groupes. Ils se sont assis sur l’herbe. La scène n’est-elle pas vivante devant nos yeux?

Un petit enfant, un peu à l’écart, joue avec une fleur. D’autres petits enfants se glissent antre les genoux de Jésus. Un adolescent écoute avec une attention passionnée. Il lui semble naître à la vie, en ce moment même. Des femmes, de leurs grands yeux noirs, fixent le Maître. Elles ont le visage creusé et tendu de ceux qui ont souffert. Il y a là des laboureurs des champs voisins, des pêcheurs du bord du lac. Une jeune fille ferme les yeux, dans le recueillement de l’âme qui se donne. Une mère allaite son nouveau-né.

Ils écoutent avec une liberté parfaite. Les uns arrivent et prennent place. D’autres s’en vont. Jésus ne retient personne. Ceux-là même qui partent ont reçu et gardent quelque chose. Nul, ayant entendu une parole du Maître, ne fût-ce qu’une seule, ne pourra l’oublier tout à fait. Elle le poursuivra, elle le hantera.

Et, de la bouche du Maître, tombent ces paroles nouvelles, ces paroles qu’on n’avait jamais entendues. Voici la merveille: c’est que personne n’élève un doute ou une objection. « A qui te frappe sur la joue droite, présente la joue gauche... A qui veut prendre ta tunique, laisse encore ton manteau... Si ta main droite est pour toi une occasion de chute, coupe-la, et jette-la loin de toi... » personne ne se dresse et ne s’exclame, haussant les épaules: « Mais tout cela est fou, tout cela est impossible... Quelle communauté humaine pourrait subsister, engagée dans cette voie? » Comment ces hommes et ces femmes, si peu préparés à ce qu’ils entendent, acceptent-ils sans difficultés, sans résistance?

C’est qu’ils voient Jésus. Au moment où Jésus parle, ce n’est pas seulement un message qui est annoncé. C’est une personne qui se révèle. Pour qui voit le Maître, pour qui a l’intuition de Jésus, il n’y a plus de difficultés. Les obstacles s’évanouissent. Tout se fond dans une grande puissance et une grande lumière. Celui qui est là et qui nous parle est le maître de l’impossible. Qui a reçu la bénédiction tombant de ses yeux, à celui-là tout devient possible. Le Sermon sur la montagne? Oui. Mais d’abord, mais surtout: cette Personne sur la montagne.

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8.8.08

La prière au Père

Il n’est pas d’autre chemin de la prière chrétienne que le Christ. Que notre prière soit communautaire ou personnelle, vocale ou intérieure, elle n’a accès au Père que si nous prions "dans le Nom" de Jésus. La sainte Humanité de Jésus est donc le chemin par lequel l’Esprit Saint nous apprend à prier Dieu notre Père.

La prière à Jésus

La prière de l’Église, nourrie par la Parole de Dieu et la célébration de la Liturgie, nous apprend à prier le Seigneur Jésus. Même si elle est surtout adressée au Père, elle comporte, dans toutes les traditions liturgiques, des formes de prière adressées au Christ. Certains psaumes, selon leur actualisation dans la Prière de l’Église, et le Nouveau Testament mettent sur nos lèvres et gravent dans nos cœurs les invocations de cette prière au Christ : Fils de Dieu, Verbe de Dieu, Seigneur, Sauveur, Agneau de Dieu, Roi, Fils bien-aimé, Fils de la Vierge, bon Berger, notre Vie, notre Lumière, notre Espérance, notre Résurrection, Ami des hommes...


Le Nom divin est indicible par les lèvres humaines (cf. Ex 3, 14 ; 33, 19-23), mais en assumant notre humanité le Verbe de Dieu nous le livre et nous pouvons l’invoquer : " Jésus ", " YHWH sauve " (cf. Mt 1, 21).

Le Nom de Jésus contient tout : Dieu et l’homme et toute l’Economie de la création et du salut. Prier "Jésus", c’est l’invoquer, l’appeler en nous. Son Nom est le seul qui contient la Présence qu’il signifie. Jésus est Ressuscité, et quiconque invoque son Nom accueille le Fils de Dieu qui l’a aimé et s’est livré pour lui (cf. Rm 10, 13 ; Ac 2, 21 ; 3, 15-16 ; Ga 2, 20).

« Jésus, Fils de Dieu, Seigneur,
aie pitié de nous, pécheurs ! »

Cette invocation de foi toute simple a été développée dans la tradition de la prière sous maintes formes en Orient et en Occident. La formulation la plus habituelle, transmise par les spirituels du Sinaï, de Syrie et de l’Athos est l’invocation : "Jésus, Christ, Fils de Dieu, Seigneur, aie pitié de nous, pécheurs !" Elle conjugue l’hymne christologique de Ph 2, 6-11 avec l’appel du publicain et des mendiants de la lumière (cf. Mc 10, 46-52 ; Lc 18, 13). Par elle, le cœur est accordé à la misère des hommes et à la Miséricorde de leur Sauveur.

L’invocation du saint Nom de Jésus est le chemin le plus simple de la prière continuelle.
Souvent répétée par un cœur humblement attentif, elle ne se disperse pas dans un "flot de paroles" (Mt 6, 7), mais "garde la Parole et produit du fruit par la constance" (cf. Lc 8, 15). Elle est possible "en tout temps", car elle n’est pas une occupation à côté d’une autre mais l’unique occupation, celle d’aimer Dieu, qui anime et transfigure toute action dans le Christ Jésus.

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5.8.08

Apprivoiser l'essentiel

Je vous ferai référence aujourd’hui d'un texte édificateur. Il explicite le concept de rites.
Le voici :

Apprivoiser l’essentiel

«Il eût mieux valu revenir à la même heure, dit le renard. Si tu viens, par exemple à quatre heures de l’après-midi, dès trois heures je commencerai d’être heureux. Plus l’heure avancera, plus je me sentirai heureux. À quatre heures, déjà, je m’agiterai et m’inquiéterai : je découvrirai le prix du bonheur! Mais si tu viens n’importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure m’habiller le cœur...

-Qu’est - ce qu’un rite? dit le petit prince.

-C’est aussi quelque chose de trop oublié, dit le renard. C’est ce qui fait qu’un jour est différent des autres jours, une heure des autres heures.»
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince

Cet auteur si profond et charismatique nous fait savoir que les rites sont liés à la création de liens et à l’essentiel qui échappe à la vue. C’est en effet par les rites que se réalise l’apprivoisement, la création de liens d’amitié entre les humains. Mais si la création de liens vise ici l’amitié, on peut dire aussi que ce sont tous les liens pour la compréhension de soi, pour la compréhension des autres, de la nature et de Dieu que favorisent les rites. Non pas des liens fixés davantage dans les rites, mais des liens dont les rites favorisent l’aperception, c’est-à-dire que l’on aperçoit comme étant déjà réalisés mais qui proviennent en fait de l’interaction entre l’implication de soi et le processus rituel.

Sans développer comment se réalise ce travail, disons simplement qu’il est comparable au processus du langage qui utilise les éléments déjà constitués d’une langue (qu’on pourrait associer aux rites; ce que la langue réalise au niveau verbal, le rite le réalise au niveau corporel) afin que, mis en interaction, ils deviennent parole vive qui dit l’expérience humaine.
Ce qui travaille à l’intérieur des processus rituels est bel et bien l’essentiel pour l’être humain puisque c’est tout l’être humain dans ses diverses dimensions qui y est travaillé mais aussi singularisé, identifié et harmonisé. Cela est souvent invisible pour les yeux mais est matrice de sens pour l’identité humaine.

Tout ce qui se situe fondamentalement au niveau de la ritualité de notre Église, c’est le tout de la personne et le tout de Dieu le Trine à la lumière de leur mystérieuse relation. Dieu joue le rôle de l’Autre qui décentre l’individu de lui-même pour mieux le renvoyer à lui-même. La ritualité préserve la radicale altérité de Dieu tout en permettant à l’individu d’y établir une relation qui le «travaille». (Raymond Lemieux, La ritualité insoupçonnée, Liturgie, foi et culture, Ottawa, 1995).

Les rites n’appartiennent jamais à une institution ou à un groupe. Ils sont des pratiques de collectivités: langage, fait de mots, de gestes, d’attitudes sur lesquels nul individu n’a de l’emprise. Aussi, tout rite est marqué d’un conformisme foncier et ontologique: il signifie par lui-même, indépendamment de la volonté personnelle de ceux qui le «jouent» parce que les sens qu’il met en acte sont communément partagés. Par conséquence, ceux qui critiquent des rites séculiers et acceptés depuis des temps immémoriaux, ceux qui engagent la chrétienté dans le syncrétisme ou dans la voie du «bricolage» pour fins d’«aggiornamento», de leur «adaptation» à la culture post - chrétienne de nos jours, mettent en réalité en cause les communautés de sens implicites et/ou explicites que les rites supposent et qui, par leur essence, font partie de l’aménagement de l’être humain, de son identité. De telles remises en cause débouchent sur le vide; s’y conformer, signifie favoriser la décomposition de l’identité humaine, sans pour autant la remplacer par une autre identité.

L’homme rituel

Tout le long de notre vie, nous sommes entourés de rites ; ceci nous fait savoir que l’être humain est, somme toutes, profondément rituel. L’expérience rituelle est aussi mystérieuse que l’être humain lui-même. Le parcours de sa vie personnelle, sociale et religieuse est façonné aussi bien par les petits rituels de la vie quotidienne que par les grands rituels sociaux, politiques et religieux. Les pratiques sacramentelles de l’Église revêtent des dimensions anthropologique, sociale, politique et religieuse qu’il n’est pas toujours facile de départager. La mémoire chrétienne qui se faufile au cœur des pratiques rituelles est, elle aussi, chargée de toutes ces dimensions. On ne peut nier que pour une large part la foi ne se vit qu’à sans cesse s’exprimer et se chercher dans ces pratiques mêmes.

Toute mise en scène rituelle d’un événement significatif de la vie se présente comme une tentative pour apporter des éléments de réponse aux questions que pose l’existence : Quelle est mon origine? Où est ma vie? Quelle sera la fin? C’est la principale raison pour laquelle les rituels liés aux grands événements de la vie d’une personne, d’une famille ou d’un peuple sont ceux qui tiennent le coup lors de certaines crises de croyances. On n’a qu’à penser à notre propre situation chrétienne.

Pour une majorité de croyants, les seuls liens à l’Église institutionnelle qui tiennent encore, ce sont les rituels des événements de la vie familiale, sacrements et fêtes.

Les rites ne sont pas faites pour qu’on y assiste, mais pour qu’on y prenne part. Les rituels ne peuvent vraiment prendre vie que lorsqu’ils cessent d’être des spectacles. L’effort de participation exigé est énorme, peut-être au-dessus de nos forces. On peut participer de mille façons et avec des sentiments divers. S’il y a participation, il faut bien qu’il y ait quelque force interne ou externe qui les presse assez pour que les personnes aillent jouer leur rôle dans la célébration.

Le jeu rituel n’est que très rarement neutre. Il ne laisse à peu près personne indifférent. En ce sens, toute pratique rituelle agit sur un groupe en travail. C’est le lieu d’un questionnement sur l’origine et la fin de la vie, sur ce qui nous dépasse, sur ce que la tradition chrétienne a osé nommer le Dieu de Jésus. Dans le jeu rituel, c’est un groupe qui pense ensemble, comme il le peut, les valeurs et les croyances qui l’animent.

Cet effort aboutit à l’adoption d’une symbolique simple, mais présentant un certain écart en regard de la vie quotidienne. Verser de l’eau sur le corps d’un enfant à baptiser, déposer une gerbe de fleurs sur une tombe, tout récemment porter des t-shirts avec l’image de la personne disparue, ce sont là des gestes du quotidien, mais repris en jeu symbolique facile à répéter.
Les rituels ont leur manière propre de parler, ils n’exigent pas un flot de paroles. Le rituel nous fait entrer dans un espace où faire et dire ne se distinguent pas. L’explication tue la symbolique et peut aussi empêcher le travail du rituel. Cela, car l’activité symbolique se donne un réseau de signes qui parlent différemment et ne peuvent pas tous dire les mêmes choses.

On n’a pas toujours à transcrire en paroles ce que veulent dire les rites. Les rituels sont de l’ordre de faire, de l’action symbolique à accomplir. La mémoire chrétienne pour les rituels peut être préservée et enrichie surtout à travers le récit qui demande à être poursuivi dans le rituel et qui finit même par se confondre avec le geste. Les gens tiennent aux rituels parce que la force de celui-ci n’est pas de dire ou d’expliquer mais de suggérer une ouverture, une transcendance. (Guy Lapointe, Liturgie, Foi et Culture, Dossier Rites et Liturgi, Ottawa, 1995).

Le rite se définit en fait comme un ensemble d’actes répétitifs et codifiés, d’ordre verbal, gestuel et postural à forte charge symbolique et fondé sur la croyance en la force agissante de puissances sacrées avec lesquels l’homme tente de communiquer en vue d’obtenir des effets ou faveurs. En religion, Durkheim considère les rites comme des règles de conduite qui prescrivent comment l’homme doit se comporter à l’égard des choses sacrées. Le sacré pur ou impur est considéré comme hypostase de la force du corps social; le rite devenant expression symbolique des valeurs fondamentales qui unifient les membres d’une société.

Le paradigme de tout rite n’est pas la violence détournée, sublimée et transcendée, mais la négociation avec une altérité (dieu ou pouvoir social) dont on essaie d’obtenir des avantages par un contre - don. Les rites visent à maîtriser les aléas du temps destructeur. Nous vivons dans un ordre de puissances et les rites - théâtralisant les rôles, suggèrent que la sécurité consiste à occuper sa place, et à respecter les codes de rapports entre les niveaux d’une hiérarchie, au sommet de laquelle le pouvoir auréolé de sacré se donne les moyens de sa domination. La fonction fondamentale des rites est celle d’intégration sociale. S’ajoutent celles de légitimation d’un pouvoir, d’orientation morale, d’échange intensif, émotif, mobilisateur, sérieux.
Anthropologiquement, le rituel est un ensemble d’observances positives et négatives, d’abstentions et d’actions entraînées par la religion. La signification du rite fait partie intégrante du rite.

Les rites ont une efficacité symbolique; reposant sur une croyance, cela suppose la capacité des rites à signifier autreSi ces textes ont une valeur exceptionnelle, cela est dû au fait qu’ils nous interrogent sur la compréhension d’un concept très important de notre vie. Nous sommes confrontés constamment à l’incompréhension de nos semblables du sens symbolique de notre vécu. Regardez les rituels – le baptême, le mariage, les funérailles – en les comprenant et en y participant corps et âme, en les considérant aussi comme essentiels à nos vies.

Cela va vous donner la possibilité de participer au besoin de solidarité que tout humain manifeste, cela va vous faire comprendre le rôle fondamental des rites dans la formation de notre identité.

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